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LE BOUCHE A OREILLE DE CITRY - "Agis en ton lieu, pense avec le monde" Edouard Glissant
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7 février 2009

L’hôtel Lambert, vérités et mensonges

hotel_lambert_159Dénaturer encore et toujours... Entre autres, percer un mur du XVIIème siècle pour construire un parking, défoncer un plafond peint à poutres et solives du XVIIe siècle et, au-dessus, un bel escalier en bois sculpté du milieu du XIXe siècle !

Mobilisons-nous pour protester contre la casse (encore une autre) de notre patrimoine.

Voici l'alerte lancée le 15 décembre dernier, par la Commission du Vieux-Paris et son président, Claude Mignot, au Maire et à l’opinion, sur la dénaturation importante que subirait l’hôtel Lambert si le projet de «réhabilitation» élaboré par l’architecte Perrot, pour le nouveau propriétaire, n’était pas profondément amendé. Le point principal, sur lequel la Commission était pleinement habilitée à donner un avis, est le projet de creuser le jardin pour établir un grand garage en sous-sol, trouvant son débouché dans le mur de soutènement du jardin.

L’annonce publique faire par le maire de Paris de son intention de refuser cette autorisation a suscité une réponse ambiguë de Mme Albanel : au lieu d’assurer qu’il ne pouvait en aucun cas être question de dénaturer ainsi la proue de l’île Saint-Louis ; elle a seulement déclarée que « rien n’était décidé. »

D’autres éléments du dossier de réhabilitation vinrent alors au jour, et suscitèrent de si vives inquiétudes, que l’architecte et le représentant du propriétaire engagèrent en janvier une grande opération de communication : non sans succès. Après une série d’articles alarmistes de décembre, on vit une salve d’articles rassurants, voire lénifiants. La presse n’est pas sans excuses, car les journalistes visitant l’hôtel furent dûment cornaqués par l’architecte mêlant omissions et diversions, demi-vérités (c'est-à-dire demi-mensonges) et mensonges caractérisés.

En fait, à ce jour, aussi ahurissant que cela paraisse pour un des monuments historiques les plus célèbres et les plus en vue de Paris, rien ne permet d’écarter les graves inquiétudes que nous avons sur la préservation de son intégrité patrimoniale.

Sans doute, il n’est question ni de raser l’hôtel, ni de détruire les pièces les plus ornées de l’hôtel – c’est la moindre des choses-, mais l’enveloppe architecturale et une bonne part de l’authenticité patrimoniale sont bien menacées d’une série d’altérations plus ou moins graves.

Listons les points principaux :

Le plus grave est évidemment la menace sur le jardin suspendu (il est établi au niveau de l’appartement du premier étage du corps principal). Cette disposition, aujourd’hui unique à Paris, ne saurait être sacrifiée au confort automobile du nouveau propriétaire : il y avait précédemment quatre ou cinq places de garage en surface (dans la cour et derrière la porte cochère débouchant sur le quai) ; on ne peut sacrifier un des caractères essentiels de cet hôtel historique pour que le nouveau propriétaire dispose de deux ou trois places supplémentaires.

En second ligne, font problème les deux ascenseurs supplémentaires, ajoutés aux deux qui existent déjà. L’un fait sauter un escalier du XVIIIe siècle à côté du grand escalier de pierre en fond de cour. L’autre, plus gravement, vient complètement dénaturer la chambre à poutre et solives anciennes de Jean-Baptiste Lambert, le constructeur de l’hôtel. Il s’agit là de la dernière pièce du grand appartement du première étage, qu’on pouvait croire protégé par la législation des monuments historiques, d’autant qu’une petite pièces voisine convient parfaitement pour recevoir les dégagements de commodité d’une chambre.

Fort d’une expertise peut-être trop rapide (M. Perrot a assuré mensongèrement que le meilleur spécialiste de la question avait été consulté, ce qu’il n’a pas été), toutes les huisseries de portes et fenêtres doivent être changées selon le projet actuel : peut-on se contenter de promesses orales ?

D’autres aspects relèvent du caprice et des lubies de l’architecte. La charte de Venise a fixé en 1964 les règles de la restauration des monuments historiques : un consensus s’est établi pour qu’on conserve dans les monuments les strates du temps : les autels baroques dans les églises romanes, comme les décors néo-gothiques dans les hôtels classiques. Or M. Perrot entend revenir à l’état XVIIIe siècle, et faire disparaître l’appartement néo-gothique aménagé sous le Second Empire par Lassus un collaborateur de Viollet-le-Duc, dans l’étage de comble pour la famille polonaise qui occupa l’hôtel pendant un siècle et demi.

M. Perrot entend aussi retoucher et remplacer lucarnes et toitures, mêlant dans un flou infondé réparations nécessaires, retour infondé à un prétendu état XVIIIe et retouches gratuites

Il est inquiétant de penser que c’est un « architecte en chef des Monuments historiques », qui a pu élaborer ce projet, qui est autant un projet de dénaturation que de « réhabilitation » du chef d’œuvre du jeune Le Vau, l’architecte du château de Vaux-le-Vicomte, de la façade sur jardin de Versailles et de l’Institut. Il est encore plus inquiétant de penser que la Ministère de la culture, garante de notre patrimoine, n’ait pas jugé nécessaire de censurer immédiatement et publiquement l’aspect les plus choquant de ces propositions.

Le Maire de Paris semble décidé à maintenir son veto à la sortie du garage sous le jardin ; on aimerait que les Services de l’Etat ne soient pas en reste, et qu’ils prennent leurs responsabilités pour les dispositions intérieures de l’hôtel, puisqu’en dernier ressort c’est Madame Albanel, et elle seule, qui donnera le permis de construire, c'est-à-dire le permis de restaurer, ou de dénaturer.

Voir aussi le blog relatif à la plus célèbre demeure parisienne du XVIIe siècle : http://lambert.over-blog.org/

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